jeudi 9 août 2007

L'anti-manifeste

Anti-manifeste moins imprécis que le deuxième qui fût moins démonstratif envers les minorités que le premier de l'Association anti-tondeuse à gazon domestique internationale non-incorporée (AATGDIN-INC).


(Au travers notre épuisable quête de nouveaux membres, plusieurs nous ont juré qu'ils allaient fonder l'anti-association anti-tondeuse à gazon domestique internationale non-incorporée... Sauf qu'aux dernières nouvelles, elle n'était toujours pas fondée. Alors, comme c'est moins drôle comme ça, on a pensé créer l'association promise.)


On ne nous demande jamais à nous, pro-tondeurs, pourquoi nous apprécions la tondeuse à gazon. Pour une raison bien simples: parce qu'il faut être complètement ahuri pour ne pas voir de quoi il en retourne.


La tondeuse à gazon représente tout ce que l'Homme peut espérer de mieux, à savoir: "J'veux pas l'savoir, j'veux pas l'voyr, parle-me-z'en pas".


Critiquer la tondeuse à gazon revient à critiquer la société, le gouvernement, l'ordre établi. Les anti-tondeurs sont tous des réactionnaires drogués, anarchistes, homosexuels, communistes et agnostiques. Comment peuvent-ils espérer avoir un avenir et mener une vie confortable s'ils ne se conforment pas?


Quand on a décidé de s'installer en banlieue, on voulait vivre dans un endroit où nos enfants peuvent aller courir en toute sécurité dans le parc à coté. Nous voulions passer nos week-ends bien assis sur notre patio et déguster nos steaks sans avoir le smog de la grande ville dont sont responsable en grande partie nos propres voitures. Nous voulions marcher pieds nus sur la pelouse sans risquer de se blesser ou d'attraper des maladies comme le SIDA.


Dans cette société où la violence devient omniprésente et où la pollution est devenue un phénomène troublant, il est bon de se réfugier en banlieue avec l'être aimé, loin des bombes des motards et du bruit des chars (pour la poésie profonde de la rime). La philosophie dite du cocooning que nous adoptons nous protège de cette société névrosée.


Avec la tondeuse, on se sent maître.


En tant que juste citoyen, nous nous devons de mettre un frein aux importations de races sur notre territoire. Il est grand temps que tous les purs se lèvent et crient bien fort: SACREZ-DONC VOT' CAMP CHEZ-VOUS, MA TABARNAK DE GANG D'INFÉRIEURS. ON EN A PU ASSEZ DE GAZON, RETOURNEZ MANGER VOS BANANES DANS VOT OSTIE DE PAYS DE CUL!


L'homme, et seulement l'homme, doit tondre le gazon car c'est ce qui lui donne ce petit teint bronzé qui fait frémir sa secrétaire. Comment une femme pourrait-elle tondre le gazon lorsqu'elle ne sait même pas programmer un vidéo ou conduire un char? Sa place est à la cuisine.


Comment refuser de tondre quand nous vivons au nord de cette contrée majestueuse qui nous montre la voie? Les États-Unis possèdent l'argent, le pouvoir, ils sont intelligents, beaux, blancs, peuvent se faire sucer sans que ce soit tromper leurs femmes et ils ont toujours raison.


S'ils tondent leur gazon, alors nous devons tondre le nôtre. Cela augmente de beaucoup la crédibilité de notre pays... même les chinois sont en train de se tourner vers la Vérité.


Avoir une tondeuse à gazon, c'est rendre à la science un vibrant hommage devant les exploits qu'elle répète quotidiennement.


Nous ne nions absolument pas que s'occuper à des tâches qui ne sont pas absolument essentielles peut empêcher de penser mais si on se mettait à discriminer toutes choses sur cette base, l'Homme ne serait pas encore sorti de sa caverne. Il est tellement nécessaire de ne pas penser que, de toute façon, si l'on ne s'empêche pas de penser grâce à la tondeuse, on le fera avec autre chose. Il est bien connu que si tout le monde se jette en bas du pont, alors nous sommes forcés de faire de même, mais on ne sait pas ce que cet argument vient faire ici.


Ce n'est pas parce que nous sommes les adversaires idéologiques des anti-tondeurs que nous sommes en désaccord avec tous leurs points de vue, bien au contraire. Nous savons aussi que derrière la plupart des politiciens, des avocats, du haut clergé et de toutes les autres instances du pouvoir et/ou de l'argent se cachent la corruption et le mal. Nous croyons simplement que le réflexe de l'autruche est le plus salutaire des instincts de conservation du bonheur.


Convaincus que nous mènerons une vie ordinaire, sans relief, terne, obscure, monotone, mais peut-être heureuse et peut-être aussi pour le restant de nos jours, nous voyons en la tondeuse le symbole de l'accomplissement de cet objectif.


Nous avons renoncé à une vie un tant soit peu excitante et voyons la tonte de notre gazon comme l'exutoire nécessaire, le petit plaisir hebdomadaire, à notre vie animée et sans cesse stressante dans ce monde de compétition qui ne profiterait, ne serait-ce de la tondeuse, qu'à une très petite minorité dont nous ne faisons pas partie.


Mais le fin mot de l'histoire, c'est peut-être que s'occuper de son gazon, ça le rend beau et élégant. Y a-t-il quelque chose à ajouter à l'argument de la beauté? Peut-être la délicieuse odeur du gazon frais coupé nous brouille-t-elle la tête et nous fais rêver à des paradis autrement inaccessibles? De toute manière, le refus de tondre son gazon entraîne des amendes.


La tondeuse nous permet de nous évader de nos petits problèmes quotidiens. Peut-être ne goûterons-nous pas la vie de star internationale mais nous compensons grâce à la tondeuse qui nous fais sentir, ne serait-ce qu'une fois dans notre vie, qu'on a réussi.


Et de toute façon, peut-on se sentir bien dans sa peau quand tous ses voisins présentent une pelouse immaculée alors que la nôtre est délabrée? Comment ne pas blêmir devant des gens qui dormiront à côté de nous la plus grande partie de notre vie tout en restant de parfaits étrangers? Peut-on bien se sentir face à des gens devant lesquels on n'est même pas assez à l'aise pour se justifier? Des gens qui vivent à quelques mètres de nous et à qui nous ne parlons (la timidité, sûrement) que lorsque c'est absolument nécessaire, par exemple: "pouvez-vous ramasser les journaux pendant mon absence, j'ai peur que des punks qui prennent du pot ne viennent me voler.". Il faut savoir respecter quelques dogmes sociaux, tout de même, pour pouvoir vivre socialement en toute quiétude. Le gazon, il faut le couper si on veut en jouir.


Et qui sont les anti-tondeurs, tout d'abord? Ça serait des homosexuels que ça ne m'étonnerait pas. Ce n'est pas surprenant de voir que c'est des gens comme ça qui font des choses pareilles. Un fefi, c'est quelqu'un qui se trempe la queue dans la marde, c'est pas surprenant que ça pogne pleins de bibittes pis qu'après ça les fait kapoter. Mais c'est pas une raison pour ne pas essayer de les soigner, ces gens-là.


Nous sommes convaincu que les anti-tondeurs sont des lâches qui ridiculisent notre nation en profitant de ces programmes sociaux faits pour les paresseux.


Nous en avons marre de voir que des individus se permettent de remettre toujours tout en question. Comme si on n'avait rien d'autre à faire. On devrait s'activer à FAIRE des choses pour régler les vrais problèmes plutôt que de toujours s'en inventer.


Nous réclamons la tête de nos adversaires idéologiques, les anti-tondeurs. Nous croyons fermement qu'il est grand temps que notre pays connaisse sa propre révolution culturelle et que roule la tête de ces parasites qui font pâtir la santé de ce pays en le critiquant grâce à de vaines élucubrations, au lieu d'agir pour lui. Nous nous écrions:

Pis cé sa kyé sa!


Pro-tondeurs de tous les pays, défendez-vous!


Nous partageons les mêmes coordonnées que nos opposants.

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