jeudi 9 août 2007

Le manifeste

Manifeste pas mal moins incomplet que le neuvième mais contenant beaucoup plus de citations que le huitième, celui-ci, bien que de retour au format 4 pages, plus incomplet que le septième qui était légèrement plus axé sur les grandes préoccupations sociales que le sixième, un peu plus long que le cinquième, celui-là étant beaucoup plus anti-progressiste que le quatrième, plus internettisé que le troisième qui était bien bien bien plus hystérique que le deuxième cependant plus internationalisé que le premier (si on ne compte pas celui écrit à la main qui n'était que temporaire) qui était la base de l'Association anti-tondeuse à gazon domestique internationale non-incorporée (AATGDIN-INC).



On ne nous demande jamais à nous, membres de l'association, pourquoi nous avons cette aversion profonde envers la tondeuse à gazon. Voici ce que nous ne répondons jamais.

La tondeuse à gazon recrée à la synthèse de l'univers, à savoir néant, paradoxe, bullshit (thèse, antithèse, foutaise.)

La tondeuse à gazon est le symbole capitaliste et banlieusard par excellence. Elle fait partie du package deal du american way of life avec le bungalow, le chien, les deux chars devant l'abri Tempo, le gros REER, la piscine et ses nombreux accessoires, les séjours au Nautilus du coin, les vacances en Floride, les flamands roses sur la pelouse, le patio et (encore) ses accessoires, le cabanon dans la cour contenant plusieurs de ces cochonneries et, accessoirement, la femme et les enfants.

La tondeuse représente l'idéal de la ville-dortoir où les enfants peuvent aller courir en toute sécurité dans le champ de poissons situé à deux pas de chez eux. La tondeuse, c'est la propriété privée incarnée. Elle rend glorieuse l'appropriation d'un tout petit espace vert et dénué d'intérêt. Parce qu'elle décrète l'appropriation de la terre par l'Homme, elle stimule l'individualisme; tout le monde sachant qu'il n'y a pas assez de gazon pour tout le monde.

Dans cette société où les dieux sont morts ou assassins, l'Homme, vidé de son sens, cherche à s'accrocher à toutes sortes d'inepties pour oublier qu'il patauge dans le néant. C'est pourquoi il est prêt à toutes les absurdités pour ne pas penser. C'est pourquoi il accepte de travailler ne serait-ce qu'une seconde pour pouvoir se payer un spécialiste en gazon qui sait quel gazon est bon et quel gazon ne l'est pas et qui fera croire à son client qu'il sera jalousé de ses voisins.

Le mouvement de l'association anti-tondeuse à gazon était, est et sera un éternel supporteur de la cause féministe. En effet, la tondeuse sert l'idéal machiste. Avez-vous déjà vu une femme, à moins qu'elle n'ait de dure moitié dodue la dorlotant doucement dominicalement, dondre, tondre, dis-je, son gazon? Un peu comme le BBQ, la tondeuse vient renforcer le sentiment que l'homme est maître de sa propriété et donc de sa destiné.

L'association anti-tondeuse à gazon domestique internationale non-incorporée n'épousera jamais les causes nationalistes puisque nous croyons fermement que le nationalisme doit s'appuyer sur la prétention de valoriser et protéger une kulture différente. Or la tondeuse puise ses racines dans la tradition anglo-saxonne. Nous croyons qu'un peuple qui a assimilé des moeurs si futiles, mineures et absurdes que sont ceux de la tondeuse à gazon est d'ores et déjà assimilé et c'est pourquoi nous ne parlons pas de kulture basque, corse ou québécoise mais bien de kulture de la tondeuse.

La tondeuse à gazon, c'est une représentation miniature de l'idéal de ceux qui visent à devenir de Grands Fourreurs, de ceux qui ont besoin de 500 pauvres pour exister. À qui profite le crime? Des sources sûres (des limes) nous ont démontré que c'est aux États-Unis que se fabrique le plus grand nombre de tondeuses à gazon.

L'AATGDIN-INC sera toujours un des piliers qui soutient la cause des Noirs (surtout ceux en plâtre pêchant dans le champ de poissons, sur les pelouses de banlieue).

"La tondeuse à gazon: entre deux pleins d'essence, elle pollue autant qu'une fourgonnette qui franchit 1 000 kilomètres". Tondre son gazon s'avère non seulement un geste futile mais aussi dommageable pour nos amis les bêtes qui sont souvent nos voisins.

Bien sûr, il reste toujours la possibilité de la tondeuse électrique, cependant: "L'inconvénient principal des tondeuses électriques est évidemment la manipulation du fil, qui exige une stratégie de tonte napoléonienne et des virages chorégraphiés."

Le refus de tondre son gazon est un geste hautement politique. Il entraîne en effet de sévères amendes administrées, n'ayons pas peur des mots, par une sombre police au service de l'idéologie de la tondeuse.

Tondre son gazon, c'est faire preuve d'un esprit grégaire malsain, c'est endosser le troupeau malgré tous les torts que ce troupeau fait subir au reste de la planète. Les tondeurs sont en effet du bois dont on fait les électeurs qui n'inquiéteront jamais les Moody's et autres Standard and Poor puisqu'ils n'affecteront jamais leur vision de société et les cotes de crédit qui en découlent.

Armée de son gros canon, le bungalow, la tondeuse envahit désormais la Chine telle la peste qui a jadis ravagé l'Occident. Où s'en va le monde? Il faut maintenant agir vite.

Question fondamentale: sommes-nous devenus tous fous pour payer pour de semblables paresses alors qu'il y a mieux à faire avec l'argent, genre se permettre de légaliser la prostitution?

Jadis glorieuse, car elle solutionnait bien des problèmes importants de la vie quotidienne, la science décadente s'incarne désormais dans la tondeuse à gazon comme le symbole d'une société égoïste qui a les yeux rivés sur son nombril (on parle de tondeuse rechargeables, de tondeuse solaire «sans les mains» ou si vous préférez, de tondeuse auto-propulsée et intelligente).

Chargée autrefois de régler les problèmes sociaux tels la grippe espagnole ou les communications entre les agglomérations, la science est désormais le jouet du capitalisme avancé. De la sorte, elle nous fait progresser vers le néant au lieu d'essayer de régler les problèmes de cette société sans objet (si ce n'est des coupes-ongles).

Comme le disent si bien les gens de langue anglaise: «Un oeuf is un oeuf!»

Nous refusons les valeurs prônées par la tondeuse à gazon et sa version hivernale, la souffleuse. Nous avons trop parlé de la couleur de la margarine et demandons que la société pose les vraies questions: KESSÉ CÉ ÇA?

Anti-tondeurs de tous les pays, unissez-vous.

Nous avons maintenant un genre de blog cheapo.

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